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 Au silence opposer notre d’indignation et notre humaine solidarité avec le peuple syrien en criant : STOP !

Silence, on tue en Syrie !
J’ai fait six voyages en Syrie depuis octobre 2012. Je suis rentré, voici trois semaines. Avec mes collègues médecins de l’union des organisations médicales syriennes, nous mettons en place des formations à la prise en charge des blessés et traumatisés de guerre et à la prise en charge des victimes chimiques.
Six voyages qui nous confrontent à chaque fois, et de plus en plus durement, à l’horreur de la guerre. D’une guerre aveugle, d’une guerre urbaine qui prend en otage les populations civiles et les massacre par tout type d’armes : bombes, missiles balistiques, obus chimiques, mortiers, grenades, armes automatiques, snipers qui vont jusqu’à viser l’enfant dans les bras de sa mère, l’homme blessé à la jambe et que personne ne peut approcher sans risquer de se faire tuer et qui au matin sera mort de froid.
Des gens par millions jetés sur les routes pour fuir les zones de combat et qui finissent dans des camps, le long des frontières qui leur sont fermées…Et ils vivent là, dans la précarité, le froid, la maladie, la malnutrition. A la catastrophe humaine, s’ajoute une catastrophe sanitaire de grande ampleur.
C’est dans les hôpitaux, pour la plupart clandestins, pour éviter d’être repérés et détruits que se concentrent la souffrance, les cris de douleur et la mort. C’est là que s’écoutent les histoires vécues, effrayantes, d’une violence barbare. Qui peut rester indifférent et ne pas se sentir interpeler au plus profond de lui-même. Et chaque voyage est en cela une descente dans l’horreur, dont il faut bien du temps pour s’en remettre.
Je dénonce le silence devant les 5 000 morts qui chaque mois s’ajoutent aux milliers d’autres depuis trois ans, aux 600 000 victimes handicapées, aux millions de réfugiés qui vivent dans la précarité. De ceux qui sont assiégés et que la faim tenaille.
Je dénonce le silence d’un massacre à huit clos, en interdisant aux ONG de travailler en Syrie, alors que toute l’aide internationale est remise au croissant rouge syrien contrôlé par le régime ; l’interdiction faite aux journalistes de venir travailler en Syrie sous peine d’être enlevés ou tués.
Mais aujourd’hui, même les médecins étrangers risquent leur vie car ils peuvent être des témoins. C’est une chape qui depuis plusieurs mois se referme sur la Syrie.
Je dénonce le silence complice de la communauté internationale et du conseil de sécurité paralysés par la Russie et la Chine, nous renvoyant aux heures sombres de la guerre froide. Ils sont incapables de trouver une solution politique à ce conflit, et encore moins d’imposer des solutions humanitaires comme des corridors ou des zones de non-survol aérien.
C’est pourquoi, je dénonce, également, le prix Nobel de la paix décerné par anticipation au président des Etats-Unis.
Nous ne pouvons accepter de rentrer dans le 21ème siècle entaché des mêmes crimes que nous avons vus se perpétrer au cours du 20ème siècle.
Allons-nous offrir aux générations futures l’exemple de notre lâcheté criminelle ?
A tous les gens de bien, je leur demande de se lever … Et au silence, d’opposer notre indignation et notre humaine solidarité avec le peuple syrien en criant : STOP !

Paris, 21 Décembre 2013
Raphaël PITTI,
Président du comité d’aide humanitaire au peuple syrien (COMSYR57 Metz)

Tag(s) : #Manifestations

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