DISCOURS DU MAIRE DE METZ
REMISE DE LA MEDAILLE DE LA VILLE A MONSIEUR BRITA HAGI HASAN
PRESIDENT DU COMITE CIVIL LOCAL D'ALEP
JEUDI 15 DECEMBRE 2016
Mesdames et Messieurs les membres du Conseil Municipal,
Mesdames et Messieurs,
Cher Brita Hagi Hasan,
Merci tout d'abord de nous rendre visite après vous être rendu à Bruxelles ce matin, pour rencontrer les chefs d'Etat et de gouvernements de l'Union Européenne.
Je ne peux pas commencer ce discours en prononçant les mots habituellement d'usage dans ce genre de cérémonie.
Parce que les mots manquent face à ce qui s'est passé, à ce qui se passe en ce moment à Alep.
"Alep, tombeau du droit international, du minimum de décence, de l'ONU et de notre humanité", pouvait-on lire en début de semaine dans le quotidien de référence français Le Monde.
Peut-on leur donner tort? Est-on dans l'hyperbole?
Je ne le crois pas.
Ce qui domine chez moi, chez beaucoup d'entre nous je crois, c'est l'effroi, et la honte.
Effroi devant la tragédie humanitaire qui se joue devant nous.
Effroi devant le cynisme et le froid réalisme, la volonté de puissance à l'œuvre chez les grands voisins iranien et russe.
Effroi devant l'inhumanité de ce régime prêt à tout, jusqu'à tuer, tel le Cronos de la mythologie grecque, ses propres enfants.
Honte face à nos manquements à l'éthique devant le martyre d'Alep, victime de ce qu'on appelle parfois, en géopolitique, le "grand jeu" moyen – oriental.
Honte car Alep l'a montré, jusqu'à l'écœurement: notre société internationale ne fonctionne plus.
A travers vous, c'est la résistance d'Alep Est que nous honorons. Elu démocratiquement par une soixantaine de quartiers de cette partie de la ville, vous avez, dans un chaos indescriptible, cherché avec le comité civil à jouer le rôle d'élus du peuple : relancer des écoles clandestines, apporter une aide aux plus démunis et assurer les conditions matérielles minimales d'existence, nettoyer la ville de ses ordures.
Ce comité civil local avait, entre décembre 2012 et août 2013, défi extraordinaire, reconstruit des institutions dans une situation de guerre.
Vous incarnez la volonté collective d'un chemin refusant le despotisme sanguinaire, l'autocratie, aussi bien que l'islamisme et l'endoctrinement. Une volonté farouche de dignité, de respect de la personne humaine et de ses droits imprescriptibles.
Des valeurs universelles dont la France a, dans l'Histoire, souvent porté l'étendard depuis 1789.
C'est au nom de ces valeurs, de ces droits de l'homme si précieux, que nous avons signé cette charte d'amitié avec Alep, en juin 2013.
C'est l'honneur de Raphaël Pitti, de Dominique Cambianica et du Comité d'Aide au Peuple Syrien d'avoir cherché à les faire vivre, au-delà de l'inaction coupable de certains Etats.
C'est une fierté pour moi, en tant que Maire de Metz, de vous avoir soutenus. Et tout comme vous représentez la population résistante d'Alep-Est, à travers moi ce sont les messins qui vous honorent, vous font part de leur respect et de leur profonde tristesse, car tout humain est notre frère. Leur solidarité, au cours de ces années, n'a pas manqué et elle ne fera pas défaut, particulièrement aujourd'hui.
Merci, Brita Hagi Hasan, pour votre indéfectible engagement.
J'aurais aimé que les circonstances soient différentes, mais sans doute rendent elles encore plus impérieuse la nécessité de vous remettre la grande médaille de la Ville de Metz.