Metz et la Syrie. Droit de réponse

Lettre consternée à la rédaction, restée sans accusé de réception ni réponse. Nous avons lu avec intérêt votre article Metz et la Syrie  dans ce numéro 2 de Court-circuit, très attendu après le temps que nous vous avons consacré, et nous vous remercions d’avoir attiré l’attention de vos lecteurs sur le lien particulier entre Metz et les Syriens. Vous en attendez sans doute quelques commentaires.

Le récit d’Omar est emblématique de bien des parcours et rend un peu de leur humanité à ceux qui sont trop souvent présentés comme des chiffres statistiques. De même pour les accueillants, généralement anonymes qui témoignent de notre capacité d’empathie : un exemple avec les Rachet (contactés par le COMSYR, oui la bonne dame du CCAS était en fait notre vice-présidente chargée de ce dossier), qui ont offert avec générosité un logis privilégié. D’autres, en contrepoint, ne peuvent que faire partager le canapé du salon, et  le Comsyr finance régulièrement quelques nuits d’hôtel modeste en attendant une place très basique en foyer…

Comment dire notre surprise de page en page ?

Que vient faire ici cette histoire de collecte de vêtements en 2015, disparue avec de supposés dons en numéraires ?  Quiconque lit cet article comprend que le Comsyr y est mêlé.

Vous imaginez les dégâts que vos approximations et insinuations peuvent faire ?

Nous avons en effet organisé des collectes ciblées qui ont été parfaitement gérées, mais cette collecte de vêtements n’a jamais été organisée par le COMSYR qui n’envoyait pas ce genre de marchandise (payer un container pour de la fripe n’a aucun sens). Et tous les dons qui nous ont été adressés depuis 2012 sont scrupuleusement listés dans notre comptabilité et leur emploi parfaitement transparent. Votre article est diffamatoire.

Ces élucubrations sur cette collecte, organisée par des tiers, occulte complétement le travail, multiple, de notre association, l’engagement sans faille de nos bénévoles et de nos donateurs depuis 9 ans et leur porte préjudice.  C’est en fait insultant pour eux tous.

Une centaine de familles ont été secourues à divers titres sur Metz (eh oui, depuis notre entrevue, leur chiffre a encore augmenté), et des milliers reçoivent régulièrement du secours en Syrie grâce à la générosité de nos soutiens privés ou institutionnels, au travail logistique et organisationnel de notre équipe bénévole.

Ce n’est pas parce que l’appel national à l’accueil des réfugiés syriens n’a pas donné les suites escomptées, que cela ne se fait pas malgré tout ; finalement, les 250 familles prévues sont bien arrivées, par d’autres dispositifs.

A Metz, des Syriens arrivent chaque mois, à certaines périodes chaque semaine, depuis 2014 et des Messins se sentent concernés et agissent à travers notamment le Comsyr. Vous auriez dû leur rendre hommage au lieu d’instiller un doute aigre.

Introduire l’article avec le drapeau honni de la Syrie de Bachar (2 étoiles) et terminer sur le « bon dirigeant Assad » ne manque pas de culot. Où avez-vous déniché ce bon chrétien ? Pour le coup, nous sommes atterrés car qui décryptera le second degré d’un élève discipliné répétant ce qu’on lui a fait déclamer chaque matin sous le portrait du tyran depuis sa plus tendre enfance, et qui craint peut-être encore de surcroît pour les siens susceptibles de représailles si jamais, etc ?

Les réfugiés syriens en capacité de lire votre revue ne vont pas manquer d’apprécier.

Pourquoi votre page « La crise syrienne en chiffres » ne parle-t-elle pas des 500.000 morts directs recensés, des innombrables morts fautes de soins, des tout aussi innombrables handicapés dont la vie est un cauchemar, d’une génération d’enfants déscolarisée, des quelques 100.000 prisonniers qui croupissent dans les geôles du « bon président », des bombardements incessants qui détruisent ,encore cette semaine, des écoles et des hôpitaux ? des millions de personnes vivant sous tentes en situation de détresse totale ?  Pas assez soft pour une revue d’été ?

Nous comprenons qu’à la veille de la Saint-Jean, on se tourne vers des récits plus positifs, plus solaires, moins déprimants, mais alors il aurait mieux valu parler du remarquable travail du Cercle des Femmes qui œuvre à l’accueil et l’intégration des familles, et dont on a pu voir une trace artistique magnifique au Cloître des Récollets, avec le soutien du Centre Pompidou Metz, du 9 au 19 juin. Mais cela n’a pas retenu votre attention, malgré une certaine insistance de notre part. Dommage...

Dominique Cambianica vous remercie enfin de la présenter comme supplétif de R Pitti alors que notre équipe (elle n’est pas seule !) anime le COMSYR depuis 2014, et pas seulement au jardin ! ...

Mais nous préférons en rire, l’efficacité et la discrétion sont des valeurs dont nous nous honorons.